She Wants Revenge (This is Forever)

Que donne donne le croisement improbable entre NIN, Editors, Interpol, de la vieille New Wave devenue culte et du rock alternatif plus accessible et assimiler à du "grand public" ? She Wants Revenge, tout simplement. Succès d'estime lors de sa sortie en France en 2006, et énorme surprise aux USA où le groupe s'est vite imposé comme le seul à ne pas copier les anglais ou à faire du rap consternant, le premier album sobrement intitulé SHE WANTS REVENGE a rallié à sa cause de nombreux fans. D'autant plus que le groupe a été propulsé sur le devant de la scène grâce au morceau absolument dantesque TEAR YOU APART (illustrant les séquences les plus obscures du NOMBRE 23), au remix dantesque de KIDNAP THE SANDY CLAWS à l'occasion de la sortie de L'ETRANGE NOEL DE MR JACK en 3D, et à la participation de Adam & Justin au dernier album de Timbaland avec TIME, morceau plutôt correct qui sort évidemment du lot. Mais le plus impressionnant reste l'approche réservée à leurs clips, non seulement réalisés par des stars (Joaquin Phoenix pour TEAR YOU APART), sont de véritables courts-métrages passionnantes qui racontent une histoire avec sa dose de violence, de macabre et de sexe. A l'image du groupe finalement, et de ce nouvel album qui devient alors indispensable pour découvrir un univers décalé, voir ce que She Wants Revenge est capable sur la longueur (aucune redite ni tempo semblable) et ce que le duo donne à ses fans. De l'extase à l'état pur.

THIS IS FOREVER aborde donc les mêmes thèmes que le précédent tout en exploitant la faille de l'amour perdu plus que de la vengeance et de la revanche cruelle. Le duo s'intéresse davantage aux amours qui ne durent pas, aux situations complexes au milieu d'une histoire d'amour, les trahisons et manipulations au sein du couple, tous représentés en la personne de Rachael qui apparaît dans bons nombres de chansons (surtout lorsqu'on regarde les clips). Dynamité par une pochette reprenant le même concept que celui du premier album (la femme en blanc est en robe de mariée noire) et introduit par le sublime morceau musical FIRST LOVE, on commence sur les chapeaux de roue avec l'une des meilleures musiques du groupe et donc de l'album, déjà diffusé sur leur MySpace (où ils sont par ailleurs adorables) intitulé WRITTEN IN BLOOD. Une vision plutôt originale d'une cérémonie de mariage qui tourne mal, avec toutes les horreurs et les motivations possibles. Un morceau qui met immédiatement la barre très haute concernant nos attentes, et qui ne seront pas déçus par la suite. Surtout que les 6 premiers titres sont tous plus géniaux les uns que les autres: la batterie explosive de WALKING AWAY, l'idée complètement farfelue de TRUE ROMANCE (regardez absolument le clip), l'intro franchement énorme de WHAT I WANT, et la rupture totale provoquée par IT'S JUST BEGUN.

Ceux qui reprochent justement les redites et les mêmes airs toujours réutilisés par certains groupes ne pourront alors qu'être étonné par la deuxième facette du groupe, beaucoup plus mélancolique (mais toujours aussi amère) avec l'arrivée d'instruments plus "calmes" comme des notes de piano, une voix plus posée et des paroles touchantes. Si l'astuce est de faire des titres de chansons immédiatement reconnaissables (SHE WILL ALWAYS BE A BROKEN GIRL, PRETEND THE WORLD HAS ENDED), le groupe mise parfois tout sur un tempo renversant mais moins alternatif que le reste (THIS IS THE END), sur une certaine ressemblance avec d'autres groupes (les relents de U2 dans la guitare électrique de CHECKING OUT) jusqu'au morceau musical qui semble clore toute un époque, ALL THOSE MOMENTS. Renvoyant à l'intro de l'album, il sert en faites de dernier préambule désespérée et nostalgique à RACHAEL, plus virulent et immédiatement reconnaissable à l'oreille. Un treizième morceau qui sera tout simplement le meilleur de l'album, car concluant en beauté la consécration de ce groupe qui mérite beaucoup plus sur nos contrées. Et qui nous fait surtout regretter l'absence de She Wants Revenge sur nos scènes parisiennes...