Titre original :
: The Prince of EgyptTitre français :
Le Prince d'EgypteTitre québécois :
Dates de sorties :
16 décembre 1998 (FR)
Avec les voix de :
Val Kilmer, Ralph Fiennes, Jeff Goldblum, Danny Glover, Patrick Stewart, Helen Mirren, Steve Martin, Mel Brooks, Martin Short, Michelle Pfeiffer, Sandra Bullock, James Avery
Synopsis :
A travers l'histoire de deux frères, tous deux princes du plus grand empire sur terre, évocation de l'épopée de Moïse. Si l'un des deux frères a régné sur l'Egypte, l'autre a eu un destin encore plus extraordinaire. Quand leur parenté, fondée sur un mensonge, leur est révélée, tout les sépare, leur foi, leur passé et leur avenir et provoquera ainsi la chute d'une dynastie.
Caractéristiques du film : Animation 2D
Réalisé par : Simon Wells, Steve Hickner, Brenda Chapman
Musique de : Hans Zimmer
Paroles de :
Durée du film :
1 heure 40 minutesImages du film :
Critique :
Personne n'avait osé mélanger au sein d'un studio prestigieux la religion et l'animation pour en faire un film respectant à la lettre l'Ancien Testament tout en gardant ses distances pour en faire un film familial d'une heure et demie. C'était sans compter DreamWorks Animation (une branche du studio de Steven Spielberg à qui l'on doit maintenant "Shrek" et "Gang de Requins") qui décide de se lancer dans l'aventure en prenant 3 réalisateurs capables de transposer la Bible et les bases entières de toute une religion pour en faire un dessin animé tout simple. Si le pari était sacrément osé et de ce point de vue réussi, le résultat se révèle bien en deçà des attentes: le film est longuet, peu convaincant, et fait parfois preuve d'une naïveté dérangeante.
On suit donc la vie de Moïse, l'un des premiers prophètes, élevé comme un prince avant de découvrir ses véritables origines et devenir le porte-parole du peuple hébreux face à son frère sanguinaire et inconscient. De son enfance perturbé à son exil dans le désert, tout est fait de manière à ce que l'on croit au récit même si les convictions religieuses ne sont pas les mêmes tout en conservant la part mystique de cette aventure. Forcément, si vous ne croyez pas une seconde à Dieu, aux prophètes et à l'intervention divine, ne regardez pas le film tant son traitement très sérieux du problème est aborder frontalement, que ce soit les 7 plaies d'Egypte ou l'apparition de Dieu à Moïse.
Le film commence donc sur une note tout à fait grandiose à travers son prologue chanté aux décors somptueux et à la cruauté sans noms, pour bien évidemment faire ressortir le massacre des nourrissons par le pharaon, sorte de génocide avant la naissance de Jésus-Christ présenté de façon très directe. Parmi la folie qui entoure l'évènement, une femme dépose un panier sur un fleuve, avec son bébé dedans. Ce petit panier atterrira directement dans un bassin royal, obligeant la reine à adopter cet enfant comme le sien, et à l'élever à côté de son "véritable" fils Ramsès. Une fois cette base posée, on se demande réellement comment les scénaristes vont trouver le moyen de passionner la foule avec une histoire peu crédible à raconter et des mésaventures très longues. Justement, malgré quelques libertés excellentes prises pour ajouter une tension dramatique au film (Ramsès et Moïse sont à la fois frère, rivaux et ennemis), le rythme retombe tout au fil des intrigues avant une dernière demi-heure qui arrive à finalement à intéresser le pauvre spectateur.
Car il faut bien l'avouer, "Le Prince d'Egypte" commence réellement après 30 minutes de longue et pesante introduction, qui met en place tout les éléments à venir (l'éducation stricte de Ramsès, l'esclave ridiculisée par Moïse, la découverte de ses origines et du génocide dans un cauchemar en hiéroglyphes totalement délirant) avant de repartir de plus belle lorsque notre pauvre héros égyptien tue un homme accidentellement et se repentit en partant dans le désert, reniant totalement ses origines et ses croyances. Une chute qui sera le départ d'une nouvelle vie, ridiculisée lors de l'intervention de Dieu peu efficace, qui aurait mieux fait de rester implicite au lieu de dévoiler une voix grave ordonnant à Moïse de guider son peuple pour le sauver de l'esclavage. Sur fond de montage alterné et de romance déguisé (finalement, Moïse et sa fiancée ne sont jamais indiqués comme des amants parfaits), on retourne dans le désert lorsque Moïse se rend à nouveau au trône de son frère devenu le roi d'Egypte.
Là commence une nouvelle partie du film, qui débouchera sur la meilleure idée du métrage: montrer les 7 plaies d'Egypte de façon rapides et "choquantes" en dévoilant ses pires aspects et ses conséquences sur les deux peuples. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ces plaies sont en faites 7 sentences infligées au peuple égyptien suite aux refus catégoriques du roi de laisser le peuple hébreu libre. C'est ici que l'animation du film et la richesse des décors s'embellit de plus belle, avec des images marquantes: une invasion de grenouilles, un simple fleuve devenant rougeâtre au fur et à mesure, une pluie de feu terrorisante ou encore le passage de la "mort" symbolisé par un nuage, qui tuera finalement le fils de Ramsès. Dans ce moment d'échec, le peuple hébreux part vers la liberté et on assiste à l'autre grand évènement très bien traité dans le film: l'ouverture de la Mer Rouge par Moïse, dévoilant une mer agitée et terriblement magnifique (repérez bien la baleine apparaissant durant plusieurs éclairs), avant de se refermer sur la colère de Ramsès et de ses gardes. Reste encore le plan symbolique final, d'une sobriété exemplaire, montrant Moïse de dos devant son peuple, les tables de la loi à la main. Voilà une demi-heure parfaitement dosée, mélangeant habilement problèmes personnels (confrontation des frères), religieux (tables de la loi, interventions) et moraux (doit-on tuer un homme pour Dieu et la liberté ?) sans pour autant faire royalement chier le spectateur, chose qui arrive durant l'heure qui précède.
Car si l'animation demeure belle et les décors superbes, on note quelques problèmes au niveau musical (les chansons sont épouvantables alors que la musique est efficace) et surtout niveau "réalisme" des personnages. "Le Prince d'Egypte" est quelque peu en demi-teinte de ce point de vue là: il tente de donner une vision parfaite et universelle de l'Histoire, en confrontant le réalisme à la Bible, mais ne sait réellement pas comment dessiner les traits des personnages, souvent caricaturaux à souhait (la mèche de Ramsès en est l'exemple). C'est réellement dommage d'autant plus que le casting vocal original est tout simplement PARFAIT: Val Kilmer ("Kiss Kiss Bang Bang"), Ralph Fiennes ("The Constant Gardener"), Jeff Goldblum ("La Mouche"), Danny Glover ("L'Arme Fatale"), Patrick Stewart ("X-Men"), Steve Martin ("La Panthère Rose"), Mel Brooks ("Dracula mort et heureux de l'être") ou encore Sandra Bullock ("Speed") doublent la pléiade de personnages que l'on rencontre au cours du film, renforçant un peu plus ses quelques qualités.
Il est donc dommage de voir qu'un tel sujet laisse place à peu de libertés sur le fond, tandis que la forme semble assez peu réaliste par rapport aux différents traitement de l'histoire. Reste une dernière demi-heure grandiose, aidée par une belle brochette de doubleurs (qui fait réellement plaisir à voir) et de magnifiques décors désertiques et arides. Cela ne suffit pas vraiment pour sauver plus d'une heure d'ennui.